Pratiques de science ouverte
Résumé
Dans le système actuel de communication des connaissances, on attend des éditeurs suivant le modèle Diamant qu’ils pratiquent et promeuvent la science ouverte. Ils doivent donc connaître les principes inhérents à cette dernière, les intégrer dans leurs politiques et veiller à ce que leurs flux de travail respectent les pratiques et normes exemplaires en matière d’encouragement de la science ouverte.
Texte détaillé
La science ouverte s’impose de plus en plus, de nos jours, comme manière par défaut de faire de la recherche et d’en communiquer les résultats. Bien qu’on accorde, depuis peu, plus d’importance à d’autres types de production érudite (comme les données de recherche) et d’autres canaux de communication, la pertinence des publications traditionnelles (revues, livres, actes de colloque, etc.) reste entière, et il faut que tous les éditeurs et fournisseurs de services de publication s’adaptent au nouveau paysage et trouvent des moyens d’interagir ouvertement avec les autres parties prenantes.
Politiques d’accès ouvert et de science ouverte
Chaque éditeur ayant choisi le modèle Diamant doit savoir de fond en comble ce qu’est la science ouverte et ce qu’elle implique. Selon l’UNESCO (2021), la science ouverte est « un construit inclusif qui combine divers mouvements et pratiques visant à rendre les savoirs scientifiques multilingues ouvertement disponibles, accessibles et réutilisables pour tous, à accroître les collaborations scientifiques et le partage d’informations au bénéfice de la science et de la société, et à ouvrir les processus de création, d’évaluation et de communication des savoirs scientifiques à des acteurs sociaux situés en dehors du monde scientifique traditionnel. » L’éditeur doit réfléchir aux différents aspects de la science ouverte (et pas seulement l’accès ouvert) qui sont pertinents pour ses activités et services d’édition, trancher les questions en suspens et communiquer clairement ses politiques. Parmi les questions que doivent aborder ces politiques, notons celles-ci incluent : le droit d’auteur, la concession de licences, le partage et la disponibilité des données de recherche, le partage et la publication des protocoles et méthodes de recherche, les logiciels de recherche en accès ouvert, la révision par les pairs en accès ouvert, les prépublications, les contenus en entrepôt, la publication et le partage de résultats scientifiques négatifs, ainsi que les incitatifs et les récompenses. Toutes les politiques doivent être publiées à la vue de tous sur le site Web de l’éditeur.
Au moment de rédiger ses politiques concernant des volets particuliers de la science ouverte, chaque éditeur ayant choisi le modèle Diamant doit garder en tête les politiques des autres intervenants concernés : son institution d’attache, les organismes publics nationaux et internationaux, les organisations de financement de la recherche, et les associations professionnelles ou disciplinaires. Il est recommandé qu’un éditeur s’accorde avec les politiques générales pertinentes à son contexte, en particulier si, ce faisant, il aide ses auteurs à se conformer aux exigences des bailleurs de fonds et des institutions.
Droit d’auteur et concession de licences
Contrairement à l’édition traditionnelle, dans laquelle l’assignation du droit d’auteur à l’éditeur était monnaie courante, la science ouverte insiste vivement sur le fait que les auteurs conservent leur droit sur leur production intellectuelle, en vertu de quoi cette production est à la fois ouvertement disponible sans délai et réutilisable en vertu des conditions d’une licence ouverte. La rétention des droits et l’utilisation d’une licence ouverte devraient non seulement fournir des contenus gratuits à lire, mais fournir au bénéfice de tous un accès ouvert à des connaissances et la possibilité de les réutiliser (Labastida i Juan et coll., 2023). Les éditeurs doivent informer clairement chaque utilisateur des contenus publiés au sujet des conditions de (ré)utilisation, sous une forme lisible tant par les humains que par les machines. Cette liste doit accompagner chaque article ou chapitre et chaque publication. De même, les éditeurs doivent énoncer clairement leur politique de droit d’auteur et de concession de licences. Pour les éditeurs de revues, les mêmes informations seront rapportées avec précision dans les registres pertinents (comme DOAJ ou Sherpa Romeo) et actualisées régulièrement.
Politiques de partage et de disponibilité des données de recherche
Les données de recherche remplissent deux fonctions en science ouverte. Il est admis que les jeux de données de recherche ont une valeur propre. Par conséquent, les éditeurs ayant choisi le modèle Diamant doivent encourager et permettre la publication de tels jeux de données, leur réutilisation, leur citation et la reconnaissance de leurs créateurs. De plus, le système de publication peut grandement bénéficier du rapprochement des publications avec les données sous-jacentes et de leur mise à disposition pour les rédacteurs, les évaluateurs et les lecteurs, afin d’accroître le degré de transparence et de fiabilité des connaissances publiées (Nosek et coll., 2014). Dans leurs politiques relatives aux données de recherche, les éditeurs ayant choisi le modèle Diamant devraient suivre les meilleures pratiques en fournissant des orientations pour le dépôt et le partage des données, la description des métadonnées, les déclarations de disponibilité des données (y compris les raisons valables pour des exceptions au partage), la citation des données et l’utilisation d’identifiants persistants.
Publication et partage de logiciels de recherche ouverts, de protocoles et de méthodes de recherche, et de résultats de recherche négatifs
Il arrive qu’en ouvrant le processus de production des connaissances scientifiques, on accroît l’efficacité du travail scientifique, de la transparence et la confiance de la société envers la science et l’érudition. Les éditeurs ayant choisi le modèle Diamant ont un rôle majeur à jouer dans l’ouverture du processus scientifique, car ils peuvent définir des politiques et introduire des pratiques qui favorisent la publication et la mise à disposition des productions, protocoles et méthodes selon leur pertinence dans des contextes disciplinaires, épistémiques et méthodologiques particuliers. S’il y a lieu, les éditeurs doivent aussi encourager le partage et l’enregistrement précoce des conceptions d’études, mais aussi le rapport de résultats négatifs.
Évaluation par les pairs ouverte
L’évaluation par les pairs ouverte est la pratique préférée en science ouverte. Elle vise à améliorer le système d’évaluation par des approches plus collaboratives et ouvre la discussion savante complète au lieu de se limiter à rendre accessibles les résultats de cette discussion. Les éditeurs ayant choisi le modèle Diamant envisageront de promouvoir des politiques de révision ouverte conformes à la terminologie standard de l’évaluation par les pairs publiée par la NISO (NISO MECA Working Group and Standing Committee, 2023). Ils doivent offrir aux évaluateurs la possibilité de : (a) signer leurs évaluations soit en autorisant seulement le rédacteur, l’auteur et les autres évaluateurs à voir leur identité, soit en permettant à tous les lecteurs de la voir ; et (b) publier soit un résumé de leurs évaluations, soit leurs rapports d’évaluation complets avec leur identité visible ou non, soit en accompagnement de l’article publié, soit dans un entrepôt de prépublications ouvert. De telles politiques peuvent aussi permettre à l’auteur correspondant de choisir de publier soit le résumé des évaluations, soit les rapports d’évaluation complets de son article ou de son chapitre. Dans le cadre de leurs démarches pour introduire l’évaluation par les pairs ouverte et en choisir leur type préféré, les éditeurs doivent écouter attentivement les milieux de recherche, définir leurs objectifs d’évaluation ouverte, adopter une approche pragmatique, planifier les technologies et les coûts, faire mieux communiquer connaître le concept, et faire un bilan du fonctionnement (Ross-Hellauer et Görögh, 2019).
Prépublications et contenus en entrepôt
Les éditeurs ayant choisi le modèle Diamant doivent comprendre leur rôle dans l’écosystème général de la communication savante ouverte, interagir et collaborer avec d’autres acteurs, comme les entrepôts, les services de partage de prépublications ou les archives de données, et encourager, au lieu d’empêcher, la libre circulation des connaissances. Ils doivent accepter la soumission de prépublications déjà disponible et permettre le dépôt de toute version d’une œuvre publiée dans un entrepôt ouvert choisi par les auteurs, avant ou après la publication. Si l’éditeur utilise une licence CC BY, et/ou s’il dispose une politique en vertu de laquelle les auteurs conservent le droit de publication, alors le droit de dépôt et de partage est déjà concédé aux auteurs.
Incitatifs et récompenses
Les éditeurs ayant choisi le modèle Diamant devraient être conscients des efforts récents pour réformer l’évaluation de la recherche (voir, par exemple, la Coalition for Advancing Research Assessment [CoARA]) et faciliter cette réforme par leurs politiques et pratiques. Ils doivent dûment reconnaître et rendre à la fois visible et reconnaissable le travail d’édition des rédacteurs, évaluateurs et autres collaborateurs. En outre, ils doivent appliquer des normes qui faciliteront le suivi, la surveillance, l’attribution du crédit et la récompense des pratiques de science ouverte (principalement en les décrivant avec des métadonnées de qualité et en utilisant des identifiants pérennes). L’utilisation d’un système standardisé mondialement comme la taxonomie CRediT (NISO, s.d.) pour distinguer les rôles des collaborateurs est une pratique très commune.
Articles de la toolsuite annexes
- Logiciels et interopérabilité
- Métadonnées
- Intégrité scientifique
- Préservation et formats des contenus
- Équité, diversité, inclusion et appartenance (EDIB)
Directives annexes
- Traitement des résultats de recherche négatifs
- Disponibilité des protocoles de recherche, des méthodes et des logiciels
- Politique de partage des données de recherche
- Prépublications
- Politique d’auto-archivage
- Usage de licences ouvertes dans l’édition en accès ouvert
Matériels de formation annexes
Références
- CoARA. https://coara.eu/
- DOAJ. https://doaj.org/
- Labastida i Juan, I., Melinščak Zlodi, I., Proudman, V., & Treadway, J. (2023). Opening knowledge: retaining rights and open licensing in Europe. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.8084051
- NISO (s.d.). Taxonomie CRediT. https://credit.niso.org/
- NISO MECA Working Group and Standing Committee. (2023). ANSI/NISO Z39.106-2023, Standard Terminology for Peer Review. NISO. https://doi.org/10.3789/ansi.niso.z39.106-2023
- Nosek, B. A. et al. (2014). ‘Guidelines for Transparency and Openness Promotion (TOP) in journal policies and practices “The TOP Guidelines” Version 1.0.1. Center for Open Science. https://osf.io/9f6gx/
- Ross-Hellauer, T., & Görögh, E. (2019) Guidelines for open peer review implementation. Research Integrity and Peer Review 4(4). https://doi.org/10.1186/s41073-019-0063-9
- Sherpa Romeo. https://www.sherpa.ac.uk/romeo/
- UNESCO (2021). Recommandation de l’UNESCO sur une science ouverte. https://doi.org/10.54677/LTRF8541
Pour en savoir plus
- Adema, J., Moore, S., & Steiner, T. (2021). Promoting and nurturing interactions with open access books: strategies for publishers and authors. (1.0). Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.5572413
- Angelaki, M., Avanço, K., Clivaz, C., Giglia, E., Gingold, A., Kamatsos, P., Lebon, C., Mounier, P., Pianzola, F., Polydoratou, P., Rosinsky, C., Schirrwagen, J., Ševkušić, M., Stanić, N., & Stranac, K. (2021). OPERAS White Paper: common standards and FAIR principles. Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.5653414
- Štebe, J., Bezjak, S., & Dolinar, M. (2020). Guidelines for the implementation of scientific publishing policies of research data citation in scientific publications and assuring access to primary data, used in publications (2.5). Zenodo. https://doi.org/10.5281/zenodo.4040672
Glossaire
Foire aux questions
- Comment puis-je encourager concrètement et reconnaître les pratiques de science ouverte auprès des auteurs et des examinateurs ?
- Où puis-je trouver des informations et des directives sur les pratiques de science ouverte présentées ?
- Comment puis-je lier le contenu publié à des documents supplémentaires déposés dans une infrastructure externe ?
Licence
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