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Foire aux questions

Pratiques de science ouverte

Pour encourager concrètement et reconnaître les pratiques de science ouverte auprès des auteurs et des évaluateurs, les éditeurs ont un rôle vital à jouer qui peut prendre trois formes : 

  1. Adapter leurs politiques et procédures de soumission d’un texte de manière à permettre, sinon à exiger, certaines pratiques de science ouverte. – Par exemple, un éditeur pourrait accepter des soumissions préalablement disponibles sous forme de prépublications, exiger des déclarations de disponibilité des données et le partage des données quand c’est possible, laisser aux auteurs la propriété intellectuelle et publier des contenus sous licence ouverte pour en favoriser la réutilisation, demander des évaluations ouvertes, être explicite dans l’acceptation de soumissions présentant des résultats de recherche négatifs, etc.
  2. Rendre leur plateforme d’édition et leur infrastructure technique compatibles avec la science ouverte. – Par exemple, un éditeur pourrait diffuser toutes les métadonnées, références comprises, sous licence CC0, autoriser un processus d’évaluation ouverte par les pairs et faciliter la liaison avec les données de recherche lorsqu’elles sont disponibles. 
  3. Implanter des mécanismes de reconnaissance pour valoriser les pratiques de science ouverte parmi les auteurs et les évaluateurs. – Ces mécanismes pourraient inclure les actions suivantes : citer les données de recherche et autres résultats de recherche en plus des publications, fournir des informations structurées sur le rôle et la contribution de chaque auteur, attribuer des identifiants pérennes aux personnes, résultats, institutions et bailleurs de fonds, et fournir des informations interopérables sur les évaluateurs pour que ceux-ci soient crédités pour leur travail.

Tout document supplémentaire déposé dans une infrastructure ou sur une plateforme externe doit être lié à l’aide d’un identifiant pérenne et s’accompagner d’une citation textuelle ou d’une mention. Les identifiants pérennes les plus couramment employés pour des objets comme les documents supplémentaires sont les DOI, les handles et les URN-NBN.



Gestion éditoriale, qualité éditoriale et intégrité scientifique

Les obligations d’intégrité scientifique qui incombent à la communauté scientifique et universitaire sont nombreuses. En voici quelques-unes :

  • l’honnêteté : garantir l’exactitude des résultats de la recherche et être honnête dans tous les aspects de celle-ci ;
  • la transparence : présenter ouvertement ses données, sa méthode et ses résultats ;
  • la responsabilité : assumer la responsabilité et les impacts de sa recherche ;
  • l’éthique et la déontologie : suivre les règles de traitement éthique ou déontologique des sujets et des données de recherche ;
  • Prévention de l'inconduite: s’abstenir de toute fabrication, toute falsification ou tout plagiat.

Les institutions, les bailleurs de fonds et les éditeurs disposent généralement d’une gamme de politiques qui couvrent ce qui suit :

  • la paternité et la contribution : des directives établissant clairement qui peut être considéré comme auteur et ce qui constitue une contribution ;
  • le traitement des plaintes et des recours : des procédures pour traiter les problèmes et entendre les appels ;
  • les conflits d’intérêts : des politiques exigeant la déclaration de tout possible conflit d’intérêts ;
  • le partage et la reproductibilité des données : des attentes concernant la mise à disposition des données et la garantie de reproductibilité ;
  • la supervision déontologique : des mécanismes de surveillance pour garantir la déontologie de la recherche.

Les bailleurs de fonds ne sont pas censés avoir de poids sur les décisions des éditeurs, dont l’intégrité scientifique exige la pleine indépendance. Cela dit, il est impératif de déclarer ses sources de financement et tout conflit d'intérêt potentiel pour remplir son devoir de transparence et garder la confiance du public.

La gestion des conflits d’intérêts engage différentes démarches :
 

  • déclarer les situations : toujours déclarer un conflit personnel, financier ou professionnel qui pourrait influencer une recherche ;
  • respecter les politiques éditoriales : respecter les politiques des revues concernant les conflits d’intérêts ;
  • se récuser : se retirer d’un processus d’évaluation ou de décision en cas de conflit d’intérêt ;
  • faire preuve de transparence : veiller à communiquer sans faux-fuyant dans la publication concernée et le processus d’évaluation par les pairs connexe. 

Il faut reporter un possible manquement à l’intégrité de la recherche scientifique quand il existe des preuves crédibles : fabrication, falsification, plagiat, etc.

Pour ce faire, il convient de suivre les procédures établies par l’institution hôte ou l’éditeur. Généralement, il s’agira de s’adresser à la personne ou au comité responsable de l’intégrité scientifique.

Le document suivant aborde la nature et la préservation de l’intégrité scientifique au sein du monde universitaire :



Efficacité des services techniques

Dans une infrastructure d’édition en ligne, il devrait être possible de faire ceci :

  • afficher les informations concernant l’éditeur et ses publications ;
  • publier chaque article ou chapitre sur une page dédiée ;
  • simplifier la recherche et la navigation dans les contenus. 

La plateforme d’édition doit pouvoir afficher les métadonnées décrivant les publications et leurs sous-unités conformément aux schémas de métadonnées très communs (Dublin Core, DataCite, Crossref,suite de balisage d’articles de revue XML, ONIX, MARC [pour les livres], etc.), ia des protocoles normalisés d’échange de métadonnées (Open Access Initiative Protocol for Metadata Harvesting – OAI-PMH,REST API, HTTPS, etc.). Elle doit de même prendre en charge l’exportation massive de métadonnées (sous forme de fichiers CSV, de flux XML ONIX ou dans tout autre format établi) et fournir des enregistrements de métadonnées aux bibliothèques (par exemple, MARC).

Une bonne infrastructure d’édition en ligne favorise la communication entre l’équipe éditoriale et les auteurs, les évaluateurs, les correcteurs, l’équipe technique et tous les processus qu’implique le travail d’édition :

Soumission d’un manuscrit (au moyen d’un tableau de bord, par exemple)

  • soumission du manuscrit par ses auteurs
  • avis à l’éditeur au sujet de la soumission
  • rejet du manuscrit soumis

Évaluation

  • attribution du manuscrit aux évaluateurs
  • dépôt par chaque évaluateur de son rapport d’évaluation
  • réponse des auteurs aux évaluations
  • téléversement par les auteurs du manuscrit révisé
  • nouveau cycle d’évaluation
  • décision de publier ou non
  • acceptation du manuscrit
  • passage à la révision linguistique


Révision linguistique

  • attribution d’un manuscrit à un correcteur
  • relecture des épreuves par les auteurs
  • passage à l’équipe technique


La plateforme bien faite prendra en charge la gestion des utilisateurs (inscription, attribution des rôles, etc.).

Enfin, l’équipe éditoriale conservera, sur la plateforme et sous la forme d’archives, la trace de tous les manuscrits reçus, de toute la correspondance et de toutes les décisions. 

L’attribution d’un identifiant pérenne à un texte de recherche publié est une étape vitale pour garantir son accessibilité à long terme et la possibilité de le citer.

De nombreux systèmes d’identifiants pérennes (HandleARK etc.) existent pour les publications, mais le plus commun, dans le cas des articles de revue savante et des chapitres de livre, semble être celui des Digital Object Identifiers (DOIs). En outre, nous ne saurions trop vivement recommander aux éditeurs d’attribuer des identifiants pérennes aux auteurs et contributeurs (ORCID, par exemple), et aux organisations (le Registre des organisations de recherche, par exemple).

L’éditeur qui souhaite attribuer des DOI doit s’inscrire auprès d’une agence d’enregistrement, comme CrossRef ou DataCite, et acquitter les droits d’adhésion annuels à cet effet. Chaque membre se voit assigner un préfixe d’identifiant pérenne unique. L’éditeur envoie ensuite les métadonnées de chaque publication à l’agence d’enregistrement pour obtenir un DOI unique. D’ordinaire, les métadonnées comprennent ce qui suit :

  • le titre du texte ;
  • le nom de chaque auteur ;
  • le résumé du texte ;
  • la date de publication ;
  • l’URL du contenu ;
  • l’identifiant pérenne de chaque auteur ;
  • l’identifiant pérenne de l’organisation de rattachement de chaque auteur.


Un DOI réunit le préfixe assigné et un suffixe unique pour chaque publication (par exemple 10.1234/nomdelarevue.IDarticle). Tous les identifiants pérennes doivent être intégrés dans le contenu, c’est-à-dire publiés sous forme de liens interactifs sur la page de renvoi de la publication et dans le texte intégral. Si les détails de la publication viennent à changer, il incombe à l’éditeur d’actualiser les métadonnées déposées auprès de l’agence d’enregistrement.

 

Les formats de métadonnées de publication les plus utilisés pour l’exportation sont XML, JSON, HTML et CSV. Nous recommandons sans hésiter aux éditeurs de permettre l’exportation de métadonnées vers plusieurs formats. Le choix des formats pris en charge dépendra des protocoles retenus pour présenter les métadonnées, mais aussi des exigences des services d’agrégation et des moteurs de recherche ciblés.

Les protocoles d’échange de métadonnées les plus communs sont Open Access Initiative Protocol for Metadata Harvesting – OAI-PMHREST API et HTTPS. Ici encore, nous recommandons sans hésiter aux éditeurs d’activer de multiples protocoles pour l’échange de métadonnées.

Il existe un certain nombre de logiciels libres et ouverts (FLOSS), comme  Open Journal Systems, Janeway, Kotahi, PubSweet et  Open Monograph Press, PubPubManifoldFulcrumScalar, etc.

Tous offrent des fonctionnalités prêtes à l’emploi qu’on peut assez facilement enrichir avec des modules complémentaires gratuits. Ces logiciels ont été développés et sont maintenus par des organisations à but non lucratif et des groupes qui cherchent à fournir une documentation suffisante et à encourager l’échange de connaissances sur des forums de discussion. 

 

Il existe plusieurs façons de préserver les métadonnées et les contenus sur le long terme. En voici deux :

  • Archiver des copies numériques dans des entrepôts désignés, généralement administrés par une bibliothèque nationale, comme l’exige la loi sur le dépôt légal. Cette option est d’ordinaire offerte sans frais, mais elle ne peut pas garantir un accès toujours facile aux contenus.
  • Utiliser des services de préservation numérique, les fameuses archives cachées (dark archives) qui sont, en fait, des bases de données de sauvegarde décentralisées hébergées sur maints serveurs sécurisés pour préserver les contenus en version originale. Si ces contenus venaient à ne plus être accessibles sur la plateforme de l’éditeur, les services de préservation ( LOCKSSCLOCKSSPortico etc.). pourraient prendre la relève. Ces services ne sont pas gratuits, en principe. Heureusement, il existe des initiatives qui tentent d’alléger la facture des éditeurs adhérant au modèle Diamant, comme le PKP Preservation Network.

Les services les plus connus sont :


Quant aux initiatives d’aide à la préservation des contenus, en particulier pour les éditeurs en accès ouvert, mentionnons :



Visibilité, communication, marketing et impact

Bien des mécanismes existent : marketing traditionnel de la part de l’éditeur, promotion en plusieurs langues, infolettres, billets de blogue, courriels directs, listes de diffusion, alertes de contenu, notifications et flux RSS/Atom. Chacun d’eux a son utilité pour faire connaître des contenus. 

Il est aussi possible d’aller chercher une visibilité maximale dans les moteurs de recherche et les agrégateurs, par exemple en appliquant des techniques d’optimisation pour les moteurs de recherche – comme la fourniture de métadonnées structurées et de plans de site XML –, en instaurant des protocoles d’échange de métadonnées ou en activant des interfaces de programmation d’applications. 

Ajoutons que les services de découverte, les bases de données d’agrégation, les bases de données de résumés et d’indexation et les index de citations peuvent aussi apporter de la visibilité aux contenus, surtout si ces services s’adressent spécialement aux publics cibles. Rappelons enfin l’utilité, pour la visibilité des contenus publiés, de rendre ceux-ci disponibles au sein d’entrepôts ouverts et de services de partage.

Les déclarations d’impact ou les résumés simples (unilingues ou multilingues) ont le potentiel de faire connaître des contenus érudits du grand public lorsqu’ils viennent s’ajouter aux publications. En outre, il n’est pas inutile de proposer des traductions de publications potentiellement intéressantes pour des publics non universitaires. L’utilisation active et régulière des médias sociaux peut aussi contribuer à élargir le rayonnement des contenus au sein du monde scientifique et universitaire et dans la société. 

Les évaluations qui suivent une publication et les commentaires en ligne sont d’autres sources de résonance d’un contenu auprès de publics nouveaux, tout comme le sont les activités promotionnelles au bénéfice de livres ou de revues, le lancement d’une nouvelle revue ou l’utilisation active des médias (communiqués de presse, etc.).

Nombreux sont les indicateurs permettant de suivre la « vie » d’un chapitre ou d’un article sous l’angle du nombre de visites, de vues, de téléchargements ou de citations par pays, ou encore sous celui du nombre de mentions dans les médias sociaux. Les mesures sont données pour chaque texte plutôt que pour l’ensemble d’une revue, par exemple. Il existe des logiciels et des méthodes d’analyse spécialisés dans la génération et la collecte de mesures.

 



Équité, diversité, inclusion et appartenance (EDIB), équité des genres et multilinguisme

Dans le contexte de l’édition scientifique et savante, il s’agit de réduire la présence de certains types de partis pris à divers points du processus d’édition et dans divers secteurs du monde éditorial. L’équité évoque la volonté d’éliminer les barrières systémiques pour donner à toutes les personnes des chances égales. La diversité renvoie à l’importance de représenter, dans toutes les facettes du monde de la recherche, toutes sortes de catégories de personnes selon des critères variés : le genre, les capacités, l’origine ethnique, la langue maternelle, l’appartenance culturelle, l’emplacement géographique, l’affiliation et l’état d’avancement dan la carrière. L’inclusion consiste à donner à chaque personne la chance d’être vue, entendue et considérée. L’appartenance, enfin, exprime un désir de traiter chaque personne comme un membre à part entière de la communauté et de l’aider à s’épanouir et à apporter sa pierre à l’édifice collectif.

L’édition scientifique et savante n’est pas à l’abri des partis pris. Par exemple, certains groupes peuvent être sous-représentés dans un contexte donné pendant que d’autres sont surreprésentés, avec toutes sortes de variations d’une discipline à l’autre (par exemple, sous-représentation des femmes en génie et des hommes en sciences infirmières). Voici quelques formes que les partis pris peuvent prendre :

  • la représentation inadéquate d’un genre donné dans l’échantillon d’une étude ;
  • la sous-représentation d’auteurs de certains bagages culturels ;
  • la sous-représentation de certaines régions géopolitiques ou institutions au sein des comités de rédaction ;
  • le nombre inférieur de citations d’œuvres publiées dans certaines langues ; 
  • la sous-représentation des personnes d’une origine ethnique particulière dans des rôles de direction ;
  • le manque d’accessibilité dans les plateformes d’édition électronique.
     

La situation peut être encore exacerbée, car les effets de divers types de désavantages peuvent être intersectionnels et cumulatifs. Par exemple, une chercheuse qui s’identifie comme une femme, qui a une déficience visuelle, qui publie dans une langue autre que l’anglais et qui est affiliée à une institution peu prestigieuse est à risque d’être marginalisée de multiples façons.

Il arrive que les partis pris dans l’édition scientifique et savante entraînent des conséquences négatives sur les personnes, la recherche et la société. À l’échelon individuel, par exemple, la décision d’un éditeur de publier dans une seule langue contraint les chercheurs d’une autre langue maternelle à investir plus de temps et d’efforts pour s’inscrire dans la littérature scientifique. Conséquemment, il se peut que ces personnes finissent par publier peu, que leurs travaux soient peu cités et que certaines marques de reconnaissance, comme la nomination à un comité de rédaction, leur échappent. Le manque de diversité peut nuire à la recherche comme pratique dans son ensemble. Imaginons un instant qu’une région du monde ou une culture soit surreprésentée au comité de rédaction d’une revue internationale. Les représentants de cette région ou culture exerceront peut-être une influence sur les types de sujets ou de méthodes jugés dignes de publication, ou alors ils mettront en œuvre d’autres types de validation en fonction d’un système de valeurs, le leur, qui pourra ne pas être celui de tous. À terme, c’est toute la société qui s’exposera aux contrecoups du manque de diversité s’il y a des sujets de recherche – santé des femmes, biodiversité dans certaines régions, etc. – sous-représentés.

Le respect des critères EDIB est une responsabilité partagée. Des participants en tous genres à l’écosystème de l’édition scientifique et savante – auteurs, pairs évaluateurs, rédacteurs, membres des comités de rédaction, bibliothécaires et éditeurs – doivent collaborer pour améliorer la présence de l’EDIB et l’y maintenir. Mais de tous ces gens, les éditeurs sont les mieux placés pour impulser des améliorations liées à l’EDIB, car ils sont en mesure de fixer des objectifs et de concevoir des politiques capables de se transposer en changements significatifs. 

 

Les types d’actions possibles sont nombreux. Nommons-en ici quelques-uns :  

gestes de sensibilisation ou séances de formation ou d’orientation sur les préjugés inconscients ; adoption d’un langage inclusif ; publication de résumés en langage clair ; élaboration et publication de déclarationsen faveur de la diversité et de plans d’action et politiques pro-EDIB (demander un énoncé en faveur de la diversité des citations aux auteurs, par exemple, ou appliquer une politique d’évaluation par les pairs doublement anonymisée) ; fixation d’objectifs EDIB, puis évaluation et suivi des progrès en la matière (par exemple, poser des objectifs de diversité pour les auteurs, les pairs évaluateurs, les membres des comités de lecture, etc.) ; mise en ligne de sites Web, de contenus et de métadonnées inclusifs et accessibles ; et promotion du multilinguisme dans l’édition scientifique et savante (par exemple, publier des résumés ou des textes intégraux en plusieurs langues).